Le canal lombaire étroit en 10 questions

Le Dr Philippe Tisserand, chirurgien orthopédiste au Pôle Aixois de Chirurgie Articulaire et Sportive, répond à 10 questions sur le canal lombaire étroit : https://www.youtube.com/watch?v=Po8UPhBoXvM&ab_channel=P%C3%B4leAixoisdeChirurgieArticulaireetSportive

Le canal lombaire étroit, qu’est-ce que c’est ?

Le canal lombaire étroit c’est une pathologie très fréquente surtout dans la deuxième moitié de la vie. C’est une pathologie qui est liée au rétrécissement du canal. Dans ce canal rachidien il y a les nerfs qui descendent au niveau de la colonne vertébrale- issus du cerveau – et qui vont ensuite se ramifier dans les membres inférieurs. Ces nerfs, au bout d’un certain temps, n’ont plus assez de place à l’intérieur du canal : il y a des douleurs qui apparaissent dans les membres inférieurs et qui entrainent des troubles de la marche.

 

Quels sont les facteurs favorisants ?

Dans les facteurs favorisants il y a deux types de cas : vous pouvez avoir un canal lombaire étroit constitutionnel – c’est-à-dire qu’à la fin de la croissance votre canal est plus étroit que la moyenne. Cela peut poser des problèmes à partir de 30 ou 40 ans. Si vous avez une hernie discale le canal va décompenser et vous pouvez avoir des troubles à ce niveau-là. Le maître symptôme comme je l’ai dit ce sont des douleurs dans le dos et dans les membres inférieurs avec des sensations d’engourdissement, de fourmillement et des gens qui ont du mal à marcher. C’est-à-dire qu’ils vont avoir un périmètre et au bout de 50 mètres, 100 mètres, ils sont obligés de s’arrêter et de s’asseoir pour que la douleur passe.

 

Quelles sont les personnes les plus sujettes ?

Les personnes les plus touchées et le cas le plus fréquent ce sont des gens qui ont plus de 50 ans, 60 ans avec des lésions dégénératives qui existent déjà depuis un certain nombre d’années. Tout cela contribue à diminuer petit à petit la taille du canal rachidien. Pendant un certain temps c’est asymptomatique, il n’y a aucune gêne, et à un moment donné il y a un effet de seuil et les douleurs apparaissent de plus en plus importantes.

 

Quand dois-je consulter ?

En général il faut consulter quand on est gêné, c’est-à-dire qu’on ne consulte pas pour des douleurs banales qui ne sont pas invalidantes. On doit consulter quand on a réellement une perte d’autonomie. Il faut également consulter lorsqu’on a des troubles inquiétants avec une perte de motricité, avec des jambes qui lâchent, avec un début de paralysie, voir un début de syndrome de la queue-de-cheval qui peut retentir sur la vessie. On a des gens qui parfois ont des troubles urinaires parce que les nerfs sacrés qui passent dans le canal rachidien sont également concernés donc il peut y avoir des troubles de l’excrétion urinaire.

 

Quels examens dois-je réaliser ?

Pour compléter le bilan, étant donné qu’on a déjà cliniquement une idée sur le canal lombaire étroit, on va faire une imagerie qui sera essentiellement anatomique. Donc le scanner et l’IRM sont les examens de base et les plus importants. On peut compléter par d’autres types d’examens ultérieurement mais ces deux examens sont les plus utiles.

 

Quels traitements pour le canal lombaire étroit ?

Ce sont des traitements de la douleur classique qu’on utilise en rhumatologie et en chirurgie orthopédique. On utilise également les séances de kinésithérapie qui peuvent être utiles avec des massages, de la balnéothérapie, le port d’une ceinture lombaire… Tous ces traitements peuvent être valides bien entendu.

 

Quand envisager la chirurgie ?

La chirurgie vient surtout du handicap. C’est-à-dire que si le traitement médical et si le port de ceinture et la réalisation de séances de kinésithérapie ne sont pas suffisamment efficaces, il faut envisager le geste chirurgical car l’évolution ne va pas se faire dans le bon sens.

 

En quoi consiste l’opération ?

L’opération consiste à réaliser ce qu’on appelle une décompression des nerfs de la colonne vertébrale. C’est-à-dire que le canal étant serré il faut l’élargir d’une certaine manière. Cet élargissement peut concerner bien sur 1, 2, 3, 4 vertèbres, donc on peut avoir des interventions qui vont durer de 30 à 45 minutes, jusqu’à 2h selon le geste effectué. Cette décompression du canal nécessite des résections osseuses plus ou moins importantes, et dans certains cas, quand il y a un glissement de vertèbres, il faut à ce moment là compléter la décompression – qui est le geste essentiel – par une ostéosynthèse qui va fixer les vertèbres.

 

Y a-t-il des risques de complications ?

Comme dans toutes interventions il y a un certain nombre de risques bien entendu. Il ne faut pas oublier qu’on opère des gens qui parfois avec leur âge ont d’autres pathologies associées : des problèmes cardiovasculaires, respiratoires, du diabète qui est assez fréquent… Ils sont souvent sous traitement anti-coagulant etc. J’en viens là parce qu’effectivement une des complications essentielles du canal lombaire c’est l’hématome post-opératoire. Tout est comprimé à l’intérieur de ce canal, les nerfs mais aussi les vaisseaux, et on a souvent des veines extrêmement dilatées, des varices, qui ont tendance à saigner facilement et donc il n’est pas simple de faire l’hémostase à côté des nerfs. Ensuite, on a toutes les complications potentielles de la chirurgie et les risques de cicatrisation etc. Bien entendu cette opération va bien calmer les douleurs de jambes, les douleurs articulaires, mais elle ne va pas vous remettre une colonne vertébrale neuve donc il y aura de temps en temps des lombalgies qui sont la plupart du temps tout à fait acceptables.

 

Un suivi médical est-il nécessaire ?

Comme dans toutes opérations effectivement il y a un suivi. Le suivi est plus important lorsqu’il y a pose de matériel d’ostéosynthèse puisqu’il faut faire des radiographies régulièrement – au moins pendant la première année. Une fois le canal lombaire décomprimé, on fait en général une consultation à 1 mois et à 3 mois, ensuite ce n’est plus nécessaire d’être suivi si l’évolution est favorable et si elle est stable. Bien entendu, si les symptômes reprennent, ce qui peut arriver à un autre étage que celui qui a été opéré, il faut effectivement consulter à ce moment-là.

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